Mon expérience en tant que salariée et indépendante à temps partiel
Pour te résumer un peu les conditions qui étaient les miennes (et qui le seront encore 3 mois à l’heure où j’écris cet article) : en sortant d’études, j’ai directement commencé à faire 2-3 mandats freelance en même temps que je cherchais un premier job. J’ai trouvé un emploi en mars 2016, à 60%, dans mon métier de conceptrice multimédia. C’était parfait pour moi, qui avais pris goût aux projets que j’avais à part et qui avais déjà un mandat plutôt conséquent et régulier.
Si tu me lis depuis un autre pays que la Suisse, petit point horaire de travail : en Suisse, un emploi à 100% correspond à 40h-42h par semaine. À 60%, je devais donc faire trois journées de 8h.
C’était une bonne place; du graphisme, du web, de la photo et vidéo, bref, je pouvais exercer chaque section du métier que j’avais appris et ça, en soi, c’était déjà une chance. Il y avait plein d’aspects plutôt chouettes (bonne équipe, bonne ambiance, horaires flexibles, on ne me considérait pas comme une « junior », mon travail était apprécié, et puis les fruits et le café étaient offerts aha).
Mais quelques petits bémols ont commencé à me peser : les 2h de train chaque jour qui me donnaient mal au crâne; mais surtout, j’ai fini par m’ennuyer et ne plus être motivée, au bord du « bore-out » je dirais. C’est que pendant plusieurs mois parfois, il n’y avait presque rien à faire, pas de challenge, pas de délais, pas de perspective. Alors qu’à côté, j’avais pas mal de job et envie de faire tellement de choses! Les mandats en freelance étaient beaucoup plus percutants…
En août 2019, j’ai baissé mon taux à 40%, donc 2 jours par semaine (et ils ont été super cool à ce sujet). Mais je crois que j’avais franchi la limite, le point de non-retour : pas moyen de retrouver ma motivation dans cette entreprise. Fin février 2020, ça y est, je pose ma démission. Et à nouveau, ils ont été super compréhensifs et encourageants!
👉 Mais j’aimerais te parler de tout ce que j’ai testé et appris durant ces années, parce que je sais que tout le monde est différent et que tu peux t’épanouir toute ta vie dans une telle situation, ou que cela peut te convenir durant quelques années, comme moi.
Je m’adresse donc ici à tous ceux qui sont salarié.e et qui font leur activité indépendante en parallèle, ou qui souhaitent se lancer dans ce type de modèle.
Comme moi, tu peux travailler dans une entreprise et mener ton activité dans le même domaine, ou alors bosser dans un milieu et te lancer dans une passion différente (du type employé.e de commerce qui fait des bijoux, tu vois :)).
Les avantages d'être freelance ET employé.e
On dirait peut-être pas avec ce que j’ai écrit plus haut, mais ils sont nombreux (et c’est pas seulement les fruits gratuits hein).
Le salaire
En ayant un travail fixe, tu t’assures bien sûr un revenu mensuel qui te permet de payer ton logement, tes charges et tes dépenses régulières. Cela te donne une tranquillité d’esprit indéniable et un mode de vie plus « commun » et rassurant.
Tu sais précisément combien tu gagnes de base, tu peux donc définir un budget assez clair (yes, tu peux te le faire ce resto samedi soir!). Peut-être même que, comme c’était mon cas un moment, tu peux utiliser ce revenu fixe pour vivre complètement, et tout ce que tu gagnes à côté dans ton activité indépendante, tu peux l’économiser, te faire plaisir avec, investir dans du matériel ou des formations.
Cela signifie aussi que tu es plus relax dans tes jobs en freelance : tu n’as pas besoin de faire rentrer une certaine somme tous les mois, tu peux donc te concentrer sur chaque projet, peut-être même refuser ce qui ne te correspond pas. Bref, pas de chasse à l’argent en mode panique parce que tu dois payer ton loyer… Je caricature, mais vraiment, c’est un bouton qui clignote en moins dans ton esprit.
Le contact humain VS la solitude
C’est clairement ce qui va le plus me manquer, et va falloir que je trouve un truc. Pas que je sois une asociale hein, mais il y a quand même une différence entre voir des collègues tous les jours et organiser ses soirées/cafés avec ses amis par rapport aux disponibilités de chacun.
Il y a un côté très spontané aux contacts que tu peux avoir avec des collègues, le partage de galères, d’astuces, d’expériences. Apprendre à connaître la vie de quelqu’un qui n’aurait pas été dans ton cercle d’amis sinon, et donc composer avec les avis qui diffèrent, c’est humainement enrichissant (même si pas tous les jours faciles, j’en conviens ;)).
Le monde extérieur et ses « normes »
Je vais encore plus loin, mais avoir un emploi dans une entreprise, ça te fait aussi sortir de chez toi. Eh ouais. Pas de pyjama ou de jogging, douche conseillée, bref, une apparence convenable est de mise. Parce que c’est un peu cliché, mais pas tant faux: quand tu bosses de la maison, des fois, tu te laisses un peu aller (dit la fille qui écrit en étant habillée, certes, mais les cheveux deg’). Un point pour tous : c’est quand même kiffant aussi de pouvoir travailler en se sentant vraiment confortable, sans se soucier de son apparence, et apprivoiser son corps tel quel.
Ce job, c’est aussi un garde-fou pour tes horaires. Tu dois te lever le matin, faire ta journée et finir ta soirée à des heures correctes si tu veux être en forme le lendemain. Cela impose donc un certain rythme, et en quelques sortes, cela t’ancre dans la vie des autres personnes qui ne vivent pas la même situation que toi.
Par exemple, j’essaie de garder une certaine régularité dans mon planning, afin de pouvoir passer mes soirées et mon weekend avec mon copain ou des amis. Alors oui, parfois je déborde, je travaille le vendredi alors que c’est l’heure de l’apéro, je reprends mon ordi pour finir un truc sur le canapé devant la TV, ou je bosse un petit coup le dimanche. Mais sinon, je pense que je serais réveillée jusqu’à 2h du mat’ et que je me lèverais à 11h. En soi, rien de grave, mais alterner ça avec tes horaires de bureaux et ta vie sociale, chaud patates.
Le travail
Euh oui au fait, parlons travail, parce que c’est quand même ce qui fait nos journées au sein de ces entreprises (y a pas que la pause café avec tes collègues quoi). Qu’il corresponde à ce que tu fais en freelance ou non, d’ailleurs; il est important, oh que oui. Dans l’idéal, tu en apprends tous les jours, tu développes tes compétences, tes méthodes. Peut-être même que tu peux suivre une formation, et ça, c’est toujours gagnant.
Tu es sûrement mis.e face à de nouvelles situations, de nouveaux projets, et c’est à chaque fois une autre expérience — et donc des connaissances inédites que tu peux appliquer à ta vie pro ou freelance.
Tu l’auras compris, ça va dans les deux sens! Ce que tu apprends dans ta vie d’indépendant.e (la gestion de projet en solo, la relation client, la facturation p.ex.), ce sont des sujets que tu peux adapter à ton emploi salarié, qui ouvrent aussi ta vision des choses (je vois mon chef d’une façon beaucoup plus sereine et compréhensive depuis que je sais et que j’expérimente tout ce qu’il faut gérer, et pas seulement les projets ^^).
Les inconvénients quand tu es salarié.e ET freelance à temps partiel
La concentration, c’est compliqué
Dur, dur, de rester concentré.e quand tu as plein de choses en tête. Pas seulement le menu de la semaine et les factures à payer en rentrant (+ les enfants si tu en as, mais là on part sur un sujet que les #mompreneurs maîtrisent bien mieux que moi avec mes 2 lapins ;))… mais aussi le délai qui ce rapproche pour cet événement que tu organises, ce fournisseur qu’il faut recontacter au plus vite, ce client qui demande un devis, etc.
Et à côté de ça, tout ce que tu dois accomplir pour l’entreprise qui t’emploie! Car n’oublions pas que, peu importe ton taux de travail et ton intérêt pour cette boîte, c’est quand même elle qui te permet de vivre ton mode de vie actuel, et qu’il faut donc continuer à remplir ton devoir d’employé.e. Et même, ce n’est pas une question de devoir, mais de respect.
Du coup, une bonne organisation est essentielle.
Ta motivation et ton énergie ne sont pas un puit sans fond
Un peu comme pour la concentration, cela peut être assez difficile de mener de front « deux vies ». Malgré toute ta bonne conscience et ton énergie débordante (ou pas, et là c’est encore plus compliqué), je crois que notre corps n’est pas fait pour être à fond tout le temps et partout.
Pas facile, donc, de garder la pêche pour ton job salarié ET ton activité indépendante. On peut donc envisager que ton énergie, et donc ta motivation, va aller se caser dans un et pas dans l’autre; ou alors, se répartir entre les deux. Mais pas se dédoubler. À toi de voir ce qui est OK pour toi et ce que tu peux essayer de changer à ça; je crois que c’est assez personnel.
Le stress, ben ouais, et c’est pas rien
Tu penses bien qu’avec tout ça, ce n’est pas évident de rester zen H24. Tes pensées et tes méthodes de travail font volte-face d’un jour à l’autre, tes horaires diffèrent peut-être aussi (ah tiens, anecdote: je travaille sur Mac à la maison et PC au bureau = raccourcis claviers qui changent, hourra!).
Bref, c’est le grand écart dans ta tête plusieurs fois par semaine. Et tu dois gérer les situations stressantes dans les deux parties, et essayer d’assurer au mieux dans chacune. Je ne sais pas si le stress, lui, se dédouble, mais cela peut vite devenir angoissant si tu ne t’organises pas bien et que tu n’arrives pas à relativiser et faire la part des choses!
Pour conclure
Voilà pour les principaux avantages et inconvénients auxquels j’ai pensés dans un premier temps. Peut-être que tu voudras peser le pour et le contre avant de vraiment te lancer dans une activité indépendante en parallèle de ton emploi salarié, et j’espère que cet article pourra t’aider un peu. Mais je crois que chaque personne est bien différente, et qu’un aspect que moi j’ai trouvé inconvenant, peut t’aller comme un gant! C’est donc à toi d’analyser tes envies et les compromis que tu es prêt.e à faire.
Je pense aussi qu’une bonne organisation peut être la clé de pas mal de choses. Je n’en suis peut-être pas le meilleur exemple sur le papier, et pourtant j’ai trouvé une façon de faire qui me convient et ne m’embrouille pas trop. C’est donc possible !
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